Bonjour bonjour,
J’espère que vous allez bien ! 🙂
Cette semaine, on parle de handicap : cap ? Si vous suivez mes aventures sur Instagram ou Facebook, vous savez que tous les jeudis je me rends à l’IMpro du Chemin Vert à Villeneuve d’Ascq pour animer des ateliers « plantes aromatiques » le matin et « anti-gaspi » l’après-midi.Si vous voulez savoir pourquoi je m’intéresse au handicap, n’hésitez pas à lire cet article.
Mes objectifs avec ces ateliers:
– Découvrir le monde du handicap pour adapter au mieux La Cuisine de Jeannette
– Tester les recettes : la cuisine pédagogique de l’IMpro est un peu mon labo de R&D
– Kiffer !! J’aime beaucoup passer du temps avec les jeunes ; le jeudi, c’est joie assurée !
Aujourd’hui, je voulais vous partager ce que je découvre en essayant de comprendre « le monde » du handicap.
Pourquoi ? Je me dis que peut-être que comme moi, vous ne savez pas vraiment comment on s’occupe des personnes porteuses de handicap en France. Et justement, je trouve ça triste qu’il y ait « des mondes parallèles » qui coexistent sans jamais vraiment se rencontrer.
Vous le verrez, je ne suis pas encore experte sur le sujet, mais j’essaie petite à petit de comprendre le handicap en France. Alors aujourd’hui, je vous partage mes premières « découvertes ».
Petit tour des acronymes
Tout d’abord, je découvre au fur et à mesure tous les acronymes autour du handicap. J’étais un peu choquée au début de ce vocabulaire si « codifié », mais une éducatrice m’a fait remarquer avec justesse que chaque milieu a son vocabulaire spécifique. Le monde de l’entreprise utilise à foison des ASAP par-ci, meeting par-là, et autres deadline, lead entrant, kick off… mais qui parle comme ça dans la vraie vie ?Bref, à chaque univers son vocabulaire !
Essayons de décrypter celui du handicap.
IME : Institut Médico-Educatif
Souvent à gestion associative et financés par l’assurance maladie, les IME accueillent des enfants et adolescents porteurs de handicap. Ils participent à leur éducation en leur dispensant des soins et une éducation adaptée. Les IME regroupent les IMP (Instituts Médico-Pédagogiques) et IMPro détaillé juste en-dessous.
IMPro : Institut Médico-professionnel
Les IMPro sont des centres de formation pour adolescents porteur de handicap. L’objectif est de leur faire découvrir différents métiers, les former, mais aussi les aider à être autonomes. Une fois leur formation terminée, les jeunes peuvent être orientés vers des structures d’accueil spécialisées (Foyer d’Accueil Spécialisé – FAS), vers des établissements de travail protégé (Ateliers Protégés et ESAT, détaillé ci-dessous), ou encore en milieu ordinaire de travail.
ESAT : Etablissement ou Service d’Aide par le Travail
Un ESAT est un établissement médico-social de travail protégé, réservé aux personnes en situation de handicap et visant leur insertion ou réinsertion sociale et professionnelle. Un ESAT est donc à la fois un établement médico-social ET une structure de mise au travail et donc peut être considéré comme une entreprise ayant un rôle de production ou de service contribuant à son budget.
EA : Entreprise AdaptéeCréées en 2005, les entreprises adaptées permettent à des personnes en situation de handicap d’accéder à l’emploi en adaptant le contexte et l’environnement de travail à leurs capacités. Elles les accompagnent dans leur projet professionnel et peuvent être une passerelle vers d’autres employeurs privés et publics.
MILIEU ORDINAIRE : On parle du monde « classique », des entreprise « ordinaires », sans handicap.
MISE A DISPOSITION : Terme que je trouve un peu bizarre, mais qui décrit le fait pour un ESAT de « mettre à disposition » à une entreprise « ordinaire » un travailleur handicapé. C’est un peu comme de l’interim quoi !
INCLUSION : C’est le nouveau mot à la « mode », dans le mileux du handicap. Il représente une situation idéale dans laquelle les personnes porteuses de handicap seraient parfaitement intégrées à la société, au monde « ordinaire ».Voici donc ma liste des principaux mots de ce jargon, ceux que je rencontre souvent.Problèmes rencontrésSi avant de me lancer dans l’aventure, je me rendais bien compte qu’il y avait des problèmes avec le handicap en France, depuis que je vais à l’IMPro, que je vais dans les ESAT, que je rencontre des éducateurs spécialisés, des parents, des jeunes, je commence à me rendre compte concrètement de certains problèmes autour du handicap en France.
Le manque d’inclusion : en France, nous avons pris l’habitude de laisser les personnes « extra-ordinaires » entre elles. On a créé des lieux spécialement pour eux. Comme si nous nous voulions pas voir qu’ils existaient, comme si nous ne voulions pas les rencontrer … Alors loin de moi l’idée de critiquer ces lieux, que je trouve remarquables. Honnêtement, ce que je vois à L’IMpro est vraiment chouette : des jeunes heureux, de belles amitiés, des rires, des activités hyper intéressantes etc. Vraiment, c’est top. Mais comme l’ONU l’a souligné dans un rapport datant de 2019, la création de « bulles » dès l’enfance ne permet pas aux personnes porteuses de handicap de vraiment s’intégrer. Ce fonctionnement n’est pas optimal puisque qu’il crée un sentiment de peur, de malaise non seulement chez les personnes porteuses de handicap, pour qui le milieu ordinaire peut paraître compliqué, mais aussi pour les personnes non porteuses de handicap, qui par manque d’habitude, ne savent pas comment appréhender la différence.
Des listes d’attentes à dormir debout : le manque de structures adaptées, des entreprises ordinaires réticentes à embaucher des personnes en situation de handicap… Résultat, il y a des listes d’attente de 2 à 4 ans dans les établissement médico-sociaux comme ceux décrits plus hauts. Mais que font ces personnes pendant 2 ans ? 4 ans ? Comment reprendre le travail après 4 ans sans activité ? Qu’en est-il de la vie sociale ?Bien sûr je reste admirative de ce qui est déjà fait, les associations telles que Les Papillons Blancs, ou AFEJI font un travail remarquable. Et je ne suis pas très au fait de ce que fait concrètement l’Etat ou l’Union Européenne pour le Handicap, donc je ne me permettrais pas de critiquer.Toutefois, il semblerait que nous pouvons encore aller plus loin, impliquer plus d’acteurs, créer des lieux de rencontre.
Il y a d’ailleurs plusieurs initiatives, plusieurs entreprises inspirantes qui essaient de remédier à ces problèmes, que je vous partage ici :
– Les cafés Joyeux à Rennes, Paris et Bordeaux
– SolifoodWaste, à Nantes
– L’atelier Mademoiselle, restaurant à Armentières
Et la Cuisine de Jeannette dans tout ça ?
Avec La Cuisine de Jeannette, l’objectif est de créer une entreprise adaptée. Parce que je suis assez convaincue qu’on peut créer un lien social de qualité via le travail, qu’on peut donner une place aux personnes porteuses de handicap dans nos sociétés. Montrer qu’elles ont de la valeur.
Je pense aussi que les personnes porteuses de handicap ont beaucoup à nous apprendre : humilité, tolérance, bienveillance, patience, courage, spontanéité, adaptation… Des qualités qu’il me semble cruciales de développer dans notre monde qui a clairement besoin de ralentir.
Pour créer ce lieu de rencontre, j’avance pas à pas :
– Je teste des recettes dans un IMPro, celui du Chemin Vert à Villeneuve d’Ascq, qui dépend de l’association des Papillons Blancs ;
– A partir de septembre, j’aimerais travailler avec une personne en situation de handicap via de la « mise à disposition » ;
– Si ça marche : nous créerons une entreprise adaptée avec des éducateurs spécialisés !
Pour aller plus loin, je vous conseille de :
– Voir le film Hors Norme, de Eric Toledano et Olivier Nakache, sorti en 2019 ;
– Passer un week-end avec ABO : joie assurée !
– Lire de livre « Un cri se fait entendre » de Jean Vanier, paru en 2017 ;
– Lire le rapport de l’ONU sur le Handicap en France, datant de 2019.Je vous souhaite une bien belle semaine !
Prenez soin de vous !
Ombeline